Takeshi Shikama (né en 1948)

Takeshi-Fontainebleau©C.Lunn - copie

Il y a plus de 11 ans, Takeshi Shikama s’est perdu dans la forêt, au détour d’un sentier de montagne, attiré par l’obscurité des sous-bois. Il revient sur ce même lieu le lendemain avec une chambre photographique pour tenter de capter son essence, son âme. Depuis, il n’a cessé de photographier les forêts du Japon, des États-Unis et en Europe.
Venant d’une carrière dans le design, Takeshi Shikama déploie sa maitrise technique du langage visuel dans sa quête de fixer le temps, de rendre visible les secret invisibles du monde végétal. Il favorise la chambre optique pour enregistrer le plus de détails possible d’une feuille, d’un arbre ou d’une vallée. Son temps de pose est délibérément long, comme s’il accordait sa respiration à celle du vent, des éléments. On devine le bruissement des feuilles, le frémissement de l’eau. Ses compositions sont comme des « Haikus visuels ». Chaque photographie est construite comme un court poème, une phrase, qui restitue l’émotion de l’artiste face à un lieu, une fleur.
Sa première série de photographie a été publiée en 2007 sou le titre
Mori no Hida (Respirations Silencieuses des Forêts). En 2008, il crée une nouvelle série, Utsori (Evanescence), qui regroupe quatre thèmes : Forest (Forêt), Field (Champ), Lotus, et Garden (Jardin). En 2009, il ajoute un cinquième : Landscape (Paysage).
En 2011, Takeshi Shikama part aux États-Unis. En autodidacte, sans être conscient d’emboîter les pas de Carleton Watkins ou Ansel Adams, il immortalise la majesté du parc de Yosemite en y apportant son regard, sa technique. Sur la côte Nord-Ouest Pacifique, il documente aussi bien l’abondance végétale que les stigmates de la déforestation. A New York, il s’intéresse aux arbres de Central Park qui se détachent devant les gratte-ciels de Manhattan et cohabitent avec les statues et les monuments. Un nouvelle série naïf : Urban Forests (Forêts urbaines) qu’il poursuit à Paris, aux Jardins du Luxembourg, puis à Milan, au Parc Sempione, et à Rome.
Takeshi Shikama accorde autant d’importance aux détails de la prise de vue qu’à l’objet photographique : l’épreuve. Il réalise ses tirages, en utilisant la technique du platine/palladium. Il applique lui-même l’émulsion, à la main, sur chaque feuille. Il dose le temps d’exposition, révèle l’image, la fixe, et sèche le tirage. Ce long processus minutieux requiert un niveau d’attention qui reflète la patience de l’artiste et l’intimité qu’il éprouve pour son travail.
En 2010, l’artiste commence à réaliser ses tirages sur un papier traditionnel, fabriqué à la main à partir de l’écorce de l’arbre japonais appelé Gampi. La finesse et la tonalité particulière de ce support apporte à chaque tirage une qualité artisanale unique et précieuse. Chaque tirage est signé, titré et numéroté par le photographe.
Les œuvres de Takeshi Shikama sont présentes dans les collections permanentes de la Bibliothèque Nationale de France (Paris, France), Hermès International (Paris, France), le Museum for Photographic Arts San Diego (Californie, États-Unis), le Museet for Fotokunst Brandts (Odense, Danmark), le Museum of Fine Arts, Houston (Texas, États-Unis), le Davison Art Center, Wesleyan University (Connecticut, États-Unis), le Portland Art Museum (Oregon, États-Unis), et le San Francisci Museum of Modern Art (Californie, États-Unis).


POUR VOIR UNE SELECTION DES ŒUVRES DE TAKESHI SHIKAMA


Bayeux 01
Takeshi Shikama au pied de l’arbre de la liberté, Bayeux, Normandie, 2013